Robinier / Acacia

Nom scientifique

Robinia pseudoacacia

Famille

Leguminosae

Provenance

Europe (Hongrie) et Amérique du Nord

Description

Aubier: jaune gris

Duramen: vert jaunâtre à brun doré

Grain

moyen

Fil

parfois ondulé

Masse volumique

de 550 à 900 kg/m³

Moyenne: 750 kg/m³

Durabilité

Très durable à durable

Stabilité en service

Ext.: faible à moyenne

Int.: moyenne

Particularités

Le robinier est le bois le plus durable de nos régions. A l'heure actuelle, il n'est cependant pas disponible en grandes quantités sur le marché belge.

Le Robinier ou faux acacia

Le Robinier est une essence méconnue en Belgique dont l’emploi se limite bien souvent à la fixation des talus ou à l’ornementation des parcs et avenues. Cette espèce présente, cependant, de multiples caractéristiques susceptibles de rencontrer un grand intérêt auprès des sylviculteurs et des utilisateurs de bois.

Aire d’origine
Le Robinier ou Robinier faux acacia (Robinia pseudo-acacia L.) encore nommé black locust en Amérique, fait partie de la famille des Légumineuses. Il ne doit pas être confondu avec les Acacia de la famille des Mimosacées. Originaire de l’Est des États-Unis, il doit son nom au botaniste apothicaire des rois de France, Jean ROBIN qui l’introduisit dans le royaume en 1601. Il s’est par la suite naturalisé en Europe Centrale, du Sud et de l’Ouest, à basse altitude. Cette espèce est actuellement, la troisième essence feuillue à croissance rapide la plus plantée à travers le monde après les Eucalyptus et les Peupliers hybrides, en terme de surface. Son habitat de prédilection se caractérise par un climat tempéré, un sol léger et bien aéré. En Hongrie, il existe une véritable politique forestière basée sur la culture du Robinier. Actuellement, ce sont près de 340.000 ha de forêts qui sont couverts par cette essence soit 20% de la superficie boisée, dont 64 % sous la forme de taillis. La production annuelle y est actuellement de 1 millions de m3 ce qui représente 18 % de la production totale de bois toutes essences confondues. L’accroissement annuel moyen peut atteindre 8 à 10 m3 / ha, ce qui est équivalent à certains résineux. En France, le Robinier occupe près de 100.000 ha, il reste une essence très marginale. Enfin en Belgique, sa présence dans le milieu forestier est très rare, on le retrouve sous forme de taillis en Campine. En Wallonie, les premiers résultats de l’inventaire des ressources ligneuses indiquent que la superficie serait d’environ 1000 ha de futaie avec des arbres d’une circonférence moyenne de 75 cm soit un  volume de bois sur pied de 43.000 m3. En taillis, le volume sur pied serait de 25.000 m3. Ces chiffres doivent être pris avec beaucoup de prudence, étant donné qu’aujourd’hui le taux de réalisation de l’inventaire ne porte que sur 20% de la superficie boisée (données provenant de la cellule d’inventaire forestier régionale de la Division Nature et Forêt).

Superficie boisée en Europe et en Asie avec du Robinier faux acacia
Bulgarie 73.000
Tchequie et Slovaquie 28.000
France 30.000
(ancienne) Yougoslavie 50.000
Hongrie 340.000
Allemagne 6.000
Roumanie 161.000
Italie 120.000
(ancienne) URSS 144.000
Chine 1.000.000
Corée du sud 270.000
Corée du nord 178.000
Total 2.400.000 ha

Description de l’arbre
Chez nous, le Robinier peut atteindre 20 à 30 m de haut; malheureusement, bien souvent, son tronc est bifurqué à faible hauteur ce qui laisse une bille de pied relativement courte. Il présente une croissance rapide et peut atteindre 1 m de diamètre. Peu exigeant quant à la richesse du sol, il se reproduit très facilement et abondamment. D’un tempérament robuste, son couvert est léger, sa longévité est de 150 ans mais il peut atteindre 200 à 300 ans dans des cas exceptionnels. Son écorce est épaisse et crevassée de couleur grise. I1 présente le désavantage d’être très épineux dans son jeune âge.

Description anatomique
Du point de vue anatomique, le Robinier présente une structure hétérogène avec, d’une part, une zone de bois de printemps constituée de larges vaisseaux visibles à l’oeil nu, isolés ou groupés par deux, circulaires ou elliptiques, d’un diamètre de 200 à 300 microns et d’ autre part, une zone de bois d’ été formée de petits vaisseaux de 90 à 150 microns à épaississement spiralé non visibles à l’oeil nu, isolés ou plus souvent formant de petites bandes tangentielles courtes et obliques caractéristiques. Dans le duramen, les vaisseaux sont obstrués par des thylles. Les rayons sont tres fins, de 3 à 5 cellules de large, 20 à 40 cellules de haut. Homogènes et peu visibles à l’oeil nu, ils font apparaître
une très fine maillure dans les débits sur quartier. Le parenchyme est abondant, clair, circumvasculaire et comprend de très nombreux cristaux polyédriques d’oxalate de calcium. Les fibres sont droites avec une disposition étagée.

Description du bois
Le bois présente une distinction nette entre l’aubier, mince de couleur blanc-jaunâtre et le duramen jaune verdâtre à l’état frais qui tourne au brun-olive en séchant. Ce bois à structure fine présente des cernes d’accroissement bien visibles. Lourd et dur, le bois est résistant et élastique. La masse volumique s ‘ apparente à celle du chêne. Cependant, celle-ci et la dureté sont tributaires de la texture plus ou moins forte du bois. L’accélération de la croissance a tendance à augmenter la texture, c’est-à-dire la proportion de bois final dans le cerne, ce qui donne lieu à un bois plus lourd et plus dur. Les valeurs observées du mouvement volumétrique total le classent parmi les bois à retrait moyen. Les grumes peuvent être conservées sous la forme de bois rond avec le risque d’apparition de fentes de dessiccations de tailles moyennes. Sur le plan mécanique, son comportement est influencé par les conditions de croissance. Ses propriétés s’apparentent à celles du Chêne et du Frêne bien qu’étant généralement légèrement supérieures. Il se caractérise par une grande résistance en flexion, au choc et à la compression axiale. Il est par contre
assez fissile.

Durabilité du bois
La durabilité naturelle exceptionnelle de son bois en fait, à cet égard, le meilleur bois d’Europe. Cependant l’aubier ne présente pas de durabilité naturelle et doit donc être imprégné ou purgé. En contact avec le sol, la durabilité du duramen correspond à une classe I-II et il faut attendre 8 à 10 ans avant de voirapparaître les premiers signes d’altération. Hors-sol mais exposé aux intempéries, le bois peut rester intact pendant plus de 60 ans avec, comme premier signe d’altération, des gerces provoquées par les variations d’humidité répétées et l’exposition au rayonnement solaire. Cette durabilité naturelle exceptionnelle est due à la synergie entre différents extraits chimiques que l’on retrouve
dans le bois. Des recherches sont menées actuellement dans différents laboratoires afin d’identifier ces substances chimiques et d’étudier les synergies responsables d’un tel comportement.

Usinage, séchage et finition
En ce qui concerne la transformation du bois, le sciage ne présente pas de difficultés particulières si ce n’est qu’il nécessite l’utilisation d’une denture adaptée aux bois durs. Le tranchage et le déroulage nécessitent un traitement hydrothermique préalable afin de ramollir le bois. La production de placages reste cependant très ponctuelle. Le séchage peut être conduit naturellement, à l’abri du vent et du soleil, ou artificiellement, mais avec beaucoup de précautions et à basse température pour éviter les gerces et les déformations. Le CIRAD-Forêts en France conseille de faire un séchage équivalent à celui de bois tropicaux tels que le sapelli, le tiama ou le sipo. Du point de vue de l’usinage, il n’y a pas de remarques particulières. Si ce n’est qu’il est conseillé de faire des préfonges pour éviter l’éclatement du bois lors du clouage ou du vissage. L’application de couches de produits de finition ne présente aucune difficulté, de plus, le bois se ponce, se polit et se colle facilement. Il faut faire attention aux réactions des tanins du bois avec les métaux, qui peuvent tacher le bois.

Applications
Pour terminer, il faut aborder les multiples aspects de l’utilisation non seulement du bois mais aussi de l’arbre. Le Robinier est une espèce pionnière capable comme toutes les légumineuses, grace aux bactéries nitrophiles qui vivent dans des nodosités en symbiose avec son système racinaire, de transformer l’azote minéral de l’air en azote organique utilisable par les végétaux. Il enrichit de cette manière naturellement le sol. Il est très largement utilisé pour le boisement de talus et de terrils. Il participe ainsi activement, en raison de son système racinaire traçant, à la lutte contre l’érosion des sols. En Belgique, il est souvent utilisé comme plante d’ornementation dans les parcs et les avenues en raison de son feuillage léger et de son abondante floraison blanchâtre très odorante. Les fleurs sont utilisées pour parfumer les beignets. Le Robinier est une espèce mellifère qui produit un abondant nectar que les abeilles transforment en miel. En Hongrie, ce sont quelques 5000 tonnes de miel de Robinier faux acacia qui sont exportés chaque année. Une étude économique a montré qu’un peuplement de Robinier, au bout de 30 ans, produit du miel pour une valeur marchande équivalente à la production de bois. Enfin, les fanes de Robinier fournissent une alimentation au bétail d’excellente qualité et d’une richesse en azote équivalente à la luzerne. En tant que matériau, la gamme d’utilisation du bois de Robinier est extremèment vaste. C’est dans le monde agricole qu’actuellement le bois trouve principalement ses débouchés, sous la forme de piquets de clôture, de manches d’outils, de tuteurs de vigne, d’éléments de machines agricoles (rateau, herse), de dents d’engrenage, de bois de charronnage (rayons, moyeux), d’échelons, de poteaux, de robinets, de petits merrains et de bois de feu. On l’utilise également en carrosserie, en charpenterie marine, comme plancher d’embarcation, comme pièce de fatigue, dans les équipements hydrauliques, dans les usages immergés, comme bois de mine, sous la forme de bille de chemin de fer, en petite charpenterie, comme cheville d’assemblage, en aménagement intérieur, en parqueterie pour des usages exigeants tels que salle de sport, comme carrelets net d’aubier, en placages, comme frises, en tournerie, dans la fabrication de jouets et de jeux tel que les quilles et les craquets, pour le balisage de sentiers en forêt, pour la construction de caillebotis, dans la fabrication de palettes, sous forme de pâte à papier et de panneau de particule. Il faut signaler encore que ce bois se cintre facilement ce qui le destine à des usages particuliers. On le trouve aussi bien dans des usages peu valorisants que dans des usages nobles.

Conclusion
La valeur marchande du bois de Robinier s’apparente à celle des essences secondaires telles que le bouleau, I’aulne ou le marronnier. Il est probable que, basé sur une sylviculture appropriée et à partir de clones performants  sélectionnés en Hongrie, on disposerait d’une alternative supplémentaire dans certains emplois réservés actuellement à des essences tropicales ou imprégnées. Et le Robinier trouverait, sans problème, de multiples possibilités d’utilisations dans la construction, eu égard à sa formidable durabilité naturelle. Les architectes disposeraient enfin d’une essence indigène qui offrirait toutes les garanties pour un usage extérieur.

Produits

Robinier FSC® 100% planches de terrasse